Les films malins...

Publié le par yoye2000

Il y a des films beaux, des films chiants, des films engagés, des films d'amour, des films d'auteur, des films d'actions, des films sentimentaux, des films d'espionnages, des films pénibles...
Puis il y a des films malins.
Un film malin, c'est quoi ? C'est un film qui sait mener par le bout du nez en exploitant un "truc' scénaristique qui lui donne tout son sel.
Des films malins, on en fait peu. Le film malin, c’est un peu le trèfle à quatre feuilles dans la prairie du film balourd. Par exemple, on peut citer comme film malin « Usual suspect » ou « Eternal Sunshine of the spotless mind »(1)  

Dans le genre, même s'il n'a rien à voir, il y a aussi "Rien de personnel", de Mathias Gokalp.
Pour faire (pas) simple -puisque les films malins ont pour particularité de ne pouvoir vraiment être résumé à moins de vouloir en savater l’intérêt auprès de son interlocuteur-, "Rien de personnel" est divisé  en trois parties correspondant chacune à trois "focales" différentes d’une même situation. De fait, chacune de ses approches dévoilera des choses passées inaperçues auparavant....
On se concentre donc ici sur un microcosme se prêtant particulièrement bien aux manipulations, puisqu’il s’agit d’un jeu "de motivation" réunissant les cadres dirigeants d'une "grande entreprise", avec toute la charge fantasmatique induite :. Ceci constitue le décor du film, mais ça n'en est pas non plus le sujet. Car on a moins ici une dénonciation du culte de la performance qu'un jeu de massacre avant tout (sadiquement) ludique, à la manière de certains romans policiers old school : si les personnages perdent pied, c'est avant tout pour mieux jouer avec le spectateur qui se comporte comme s'il était lâché dans un palais des glaces. On le prévient pourtant, on lui suggère que... On lui montre bien qu’il ne faut pas qu’il pense que… On sous-entend... Tout ça pour qu'il se prenne une glace en toute confiance.
Dommage peut-être qu'il manque un petit je-ne-sais-quoi pour que le film fonctionne à plein ; un jeu d'acteur plus sobre ? Un peu de nervosité dans la mise en scène ? Un peu plus ... de cruauté ?
Ceci dit, ça marche quand même.
Et sacrément bien.

A la clef, le film vit principalement par ce dispositif qui lui donne toute sa force et son intérêt. On admire avant tout la remarquable machine scénaristique. En cherchant bien, on peut sûrement lui trouver quelques faiblesses, mais la cohérence de l'ensemble impressionne.
C'est donc à la fois totalement bluffant, et, in fine un peu frustrant, parce qu'en sortant, ben, il n'en reste pas grand chose, à rapporter chez soi. Mais ça, c’est un peu la loi du genre…

Reste pourtant  une sacré réflexion sur la narratologie.
Et surtout, un bon film.


(1) Je reste un peu divisé pour savoir si les névrotiques  « Spider », « Existenz », « mulholland Drive » ou « Memento » voire même, dans un autre genre « Pulp Fiction » sont des films malins.
Dans le doute, on va dire que oui…
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B
<br /> Ô yoye, ouvrez-vous un club des fans de film d'entreprises, un peu comme cet ancien module de canal + ? Manque "Working girl", "le diable s'habille en Prada", "ma petite entreprise", "le placard"<br /> etc. Moi, je suis le pdg d'un club de films genre "être et avoir" ou "entre les murs", "la journee de la jupe", "P.R.O.F.S", "le plus beau métier du monde" ... y'a pluss d'un million de membres ...<br /> <br /> <br />
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