En attendant Gary...

Publié le par yoye2000

Vu hier au cinoche "Adieu Gary", de Nassim Amaouche.
Adieu GaryAvec tout un tas d'acteurs formidab' :
Dominique Reymond, la Rrrrrrrrrrrrradieuse Sabrina Ouazani (pour ceux qui ont vu les deux derniers Kechiche) ou Yasmine Belmadi (plus ou moins premier rôle, vraiment épatant, et n'ayant au final comme seul défaut de s'être tué dans un accident de scooter après le tournage du film), pis Jean Pierre Bacri, dans le rôle de Jean-Pierre Bacri (et là, c'est moins formidable, parce que même si le personnage Bacri est sympathique, ben.. il fait quand même un peu tache au milieu de tout ça) et, surtout -n'oublions pas le personnage principal !- : une (vieille) cité ouvrière de Teil, en Ardèche (on a souvent tendance à imaginer la désindustrialisation dans le nord, alors qu'elle vaut aussi le détour dans le sud-est).
La classe ouvrière n'en finit pas de crever et l'agonie est longue. C'est un peu la chronique de ce processus que narre en filigrane "Adieu Gary".
A Tiel, tous ceux qui ont pu partir sont partis depuis longtemps. Les autres y sont visés, paumés, sans horizon, mais pas désespérés pour autant. La vie passe sereinement. Seulement, on a dit adieu
depuis longtemps aux rêves, espoirs, ambitions comme à Gary. Orphelin de Gary, c'est un peu comme si on attendait Godot. Parce que c'est maintenant l'absurde qui domine : absurde de réparer une machine qui ne servira de toute façon plus, absurde d'être déguisé en souris pour la semaine de fromage au supermarché, absurde de vouloir retourner au bled qu'on a jamais vu, absurde de cacher ses relations amoureuses quand tout le monde est au courant, absurde finalement de rester là, d'attendre comme le font nos Vladimir et Estragon prolétaires.  

Film à l'approche impressionniste, où le dessin d'ensemble est fait à petites touches, "Adieu Gary" manque parfois un peu de souffle, ce qui est un défaut récurrent de ce type de films. Pourtant, si deux trois petites choses sont un peu ratées (on est un peu trop dans le didactique parfois) ou franchement foireuses (une seulement : l'épisode du cow-boy), "Adieu Gary" est un film "lumineux"(1), comme on dit, et qui demeure hautement recommandable.
Ils en parlent mieux que moi :
http://www.semainedelacritique.com/sites/article.php3?id_article=388

(1) Ce qui tient aussi au chouette travail photo de
Samuel Collardey, auteur l'année dernière du non moins très chouette "l'apprenti", dont nous avions causé ici et dont Votre serviteur Yoye2000 garde un souvenir ému.
Ne pas oublier enfin de citer la musique formidable du Trio Joubran
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